Silence

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(Translated from Vietnamese by Nhat-Lang Le & Susan Blanshard)

Explication

True, the world is too much with us with supermarkets and consumer’s goods. They distract man from inward tranquility. Allured by the sights and sounds of the malls we rush from one consumer good to another knowing not which one to possess. We are restless. But a poet is different. Just as he enjoys Nature so does he enjoy the man made products. He is not a recluse living far from the madding crowd’s ignoble strife. He loves the city as well as villages and Nature. He loves a supermarket brimming with man made things as well as Nature abounding with God’s plenty.  And one day the poet sojourning in the city without any specific purpose comes across a fabric store. He finds rolls of fabric piled up like logs in the store. A log is a part of a tree trunk cut off from a tree. Fabric implies cloth produced by weaving or knitting  textile fabric. Both are derived from Nature. Man cannot create anything without the help of Nature. Nature is the raw material for human skill to mould things into shapes and forms that might serve his purpose. So  the so called artificial things laid out to draw the attention of man are Nature are at bottom part of Nature only.Is not the multistoried building made by man as much the part of nature as the beehive? Nothing is beyond the realm of Nature, not even cities. And before the naïve eyes of the poet the fabrics are piled up like logs in a shop. And the poet sneaks into them or enters into them just as one softly and furtively enters into a garden. And lo! Just as a garden has flowers of many colours so are the fabrics variegated. In other words with the poet both Nature and man made artifices are engrossing. The poet gets lost among the fabric. Some of the fabric are deep brown, some orange,some blue some white and some bordeaux red and so on. This reminds us of the colour symbolism in Vietnam and Tibetan Buddhsm. Red implies good luck. It drives away the evils .Yellow implies wealth. Blue stands for calmness. White stands for purity. The Tibetan Buddhists speak of five colours symbolic of five Buddhas in Vairochana Ratnasambhava Aksobhya Amitabha Amoghasiddhi. In Tibetan Buddhism the enumeration of the colours might change. But they are always five. Our poet also refers to five colours. May be these five colours or the five Buddhas are a cosmic diagram and the diagram that lurks behind every human being. But let us not digress into the esoteric meaning of the colours. The colours stimulate our eyes and determine our perception. No wonder just as the fabrics are of different colours so is the creation. The  colours  could stand for different ways of life. And we could choose any one of them for life long use. One could be a farmer. Another one could be a teacher. Our Mai Văn Phấn has opted for the robes and colour of a bard. With the poet every way of life is as good as another. The poet acknowledges difference in creation. Countless species, countless skills and so on. Everyone chooses his colour according to his a priori inclination or sankhara. The difference in choices is also inevitable in a world varied and variegated. But the poet does not speak of any hierarchy. The poet knows that this difference exists only in the realm of the contingent. But the poet with his waterbowl walks along the road of life which zigzags along the countless differences on either side and the poet spills water at every step wishing the wellbeing of everything mundane or spiritual. This happens when a bodhisattva becomes a poet. Compassion flows through every vein of Mai Văn Phấn’s poetry. An Indian reader perusing this poem by Mai Văn Phấn might be reminded of the prayers of the Upanisads

Oh gods! Whatever we hear should be blessed

Oh gods! Whatever we see should be blessed

Explication par Dr. Ramesh Chandra Mukhopadhyaya

Traduction française Dominique de Miscault

Silence

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Explication

Certes, notre monde déborde de tout, avec ses supermarchés et biens de consommations qui éloignent l'homme de sa tranquillité intérieure. Attirés par les images ensorcelantes et les musiques des centres commerciaux. Nous nous précipitons d'un bien de consommation à l'autre ne sachant lequel posséder. Nous sommes agités. Mais le poète, lui, est différent. De même qu’il apprécie la nature, il ne dénigre pas les produits fabriqués. Il n'est pas un reclus vivant loin les conflits ignobles de la fougueuse fureur. Il aime la ville autant que les villages et la nature. Il aime le supermarché débordant de choses mais aussi la nature où abonde la présence divine. Et un jour, le poète qui se promène en ville sans projet particulier se retrouve dans un magasin de tissu. Il y voit des rouleaux empilés comme des grumes. Un journal est une partie, infime certes, d'un tronc d'arbre. Le tissu est produit du tissage ou du tricotage. Ce sont des objets naturels. L'homme ne peut rien créer sans la nature. Elle est la matière première des compétences humaines à transformer toutes choses pour servir un but. Ainsi, les soi-disant choses artificielles conçues pour attirer l'attention sont, elles aussi naturelles. Le bâtiment aux très nombreux étages n'est-il pas construit à l’image d’une ruche ? Rien n'est au-delà de la nature, pas même les villes. Aux yeux naïfs du poète, les tissus sont empilés comme des grumes. Et il s'y perd ou s'y engouffre de la même manière qu’il pénètrerait doucement et furtivement dans un jardin. Et voilà ! Tout comme un jardin abrite des fleurs aux multiples couleurs, il en va de même pour les tissus. En d'autres termes, le poète est absorbé par la Nature et ses artifices. Il est immergé dans les tissus. Certains sont brun foncé, orangé, bleu, blanc ou rouge etc... Cela rappelle le symbolisme des couleurs au Vietnam et le bouddhisme tibétain. Le rouge correspond à la chance, il chasse les malheurs. Le jaune signifie la richesse. Le bleu représente le calme et le blanc la pureté. Les bouddhistes tibétains parlent de cinq couleurs symboliques des cinq Bouddha : Vairochana[1] Ratnasambhava, Aksobhya, Amitabha, Amoghasiddhi. Dans le bouddhisme tibétain, l'énumération des couleurs peut varier Mais sont toujours au nombre de cinq. Notre poète fait également référence à cinq couleurs. Peut-être à ces cinq couleurs ou aux cinq Bouddha du diagramme cosmique, qui se cache en chaque être humain. Mais ne nous perdons pas dans l’ésotérisme des couleurs. Les couleurs stimulent nos yeux et déterminent notre perception. Il n'est pas étonnant que les tissus soient de différentes couleurs, comme la création. Les couleurs peuvent représenter différents modes de vie. Et nous pourrions choisir l'un d'entre eux pour une utilisation de longue durée. On peut être agriculteur ou enseignant. Notre Mai Van Phan a opté pour des chasubles de bure. Avec le poète, tout mode de vie est bon, il loue les différences innombrables de la création. Tout le monde choisit sa couleur selon son inclinaison ou son sankhara[2]. La différence est inhérente au monde pluriel. Il ne parle pas non plus de hiérarchie, il sait que la différence n'existe que dans le contingent. Mai Van Phan, avec son bol d'eau, marche le long de la route de la vie, zigzagant au milieu des différences, aspergeant le monde de son eau, le bénissant pour son bien en toutes choses qu’elles soient ordinaires ou spirituelles. C’est ainsi qu’un bodhisattva devient poète. La compassion coule dans toutes ses veines. Un lecteur indien qui se pencherait sur ce poème de Mai Van Phan devrait se souvenir de cette prière des Upanishad :

Oh Dieu ! Tout ce que nous entendons doit être béni

Oh Dieu ! Tout ce que nous voyons doit être béni

 


Tĩnh lặng (37) của Mai Văn Phấn

Ramesh Chandra Mukhopadhyaya bình chú

Dominique de Miscault dịch sang tiếng Pháp

 Takya Đỗ dịch sang tiếng Việt

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 Ts. Ramesh Chandra Mukhopadhyaya